Même
jeux de mots banals : on se congratule au tiède des écrans
contrôle. Ailleurs c'est un rire qui éclate. Mêmes
traces de rimel sur un beau visage qui sourit en annonçant
que 42 millions de personnes sont atteintes du sida. Les rues tournent
au droit de la cabine. La voiture avance le long des quais. Paris
entretient ses flammes en attendant que quelque chose de décisif
ne se produise. Autour, le pays s'enfonce doucement dans l'obscurité
et le sécuritaire partout affiché comme seul projet
censé répondre aux interrogation en cours. Je gare
l'objet de design au bord d'un trottoir. Trois types font la manche.
Je donne un sourire, puis pour les enfants du monde. Mac Donald
en champion de l'aide aux jeunes générations. Les
multinationales sont particulièrement civiques, entre un
entrepot où travaillent des gamins de huit ans et un village
auquel on retire soudain tous subsides.
L'actualité, c'est quatre cents bornes de littoral mazoutées.
Personne en prison. Personne qui ne soit responsable. On se contente
d'être injoignable au téléphone en attendant
d'envoyer une autre poubelle flottante longer les côtes dans
le coin. Merveille de régulation automatique.
Je croise machinalement les doigts.
Yokohama. Ça y est ! La planète clone est réalisée.
35 millions de teraoctets seconde. Ils m'ont volé une autre
idée. Cinquante ans de gagné peut être. Un écosystème
qui fera mentir les pauvres connards qui ne voient aucune raison
de penser d'une manière qui fasse une toute petite part à
l'écologie. Pollution ? What Pollution ? Et de faire des
guerres au nom des énergies fossiles révolues. Pauvres
politiciens essouflés sauvant une dinde pour Thanksgiving
en soulignant qu'elle s'appelle Cathy, avis aux interessées,
sans faire un geste pour les condamnés à mort tout
à fait humains et tout à fait condamnés à
la va-vite sans preuve et sans procès décent, qui
croupissent à Huntsville. J'aurais tellement voulu qu'ils
me volent le vaccin anti HIV. Mais il ne m'ont pris que les thérapies
géniques.
Merci Sandoz.
J'ouvre la télé. Un jeu vidéo copie une autre
idée. Une idée qui a dix ans. La réalisation
est nulle. Pas de raison de broncher pour la seconde division. Changement
de chaine. Charlize me fait un clin d'œil. Elle aussi le vaut
bien. L'idéal des femmes est de devenir virtuelles, adulées
par des centaines d'hommes, et seules et malheureuses. Pas étonnant
que l'hiver soit si triste. Il faut des doses d'amours immenses
pour resister à cette corruption des sentiments. Peut être
la solution est elle justement de ne pas résister. Se laisser
aller à faire et à laisser dire.
Ne pas accuser le poids du vent.
Comment dire que l'on a trouvé la clef quand tant de gens
cherchent encore la serrure ? Comment avouer qu'on puisse être
heureux quand tant de gens souffrent ouvertement. Souffrir parait
même devenir un des critères de l'acceptation sociale.
Il faut se confesser. Se confesser tout le temps. Avouer. Déballer
en public parce que la religion nouvelle est arrivée, qu'elle
avance masquée sans pour l'instant révéler
son nom et les endroits vers lesquels elle nous amène. Mais
ses prêtres sont assez visibles. On affecte de penser que
la mise en scène nous conduit à la vie, à l'humanité
et à l'émotion. Mais nous faisons collectivement le
chemin inverse. Celui d'une captation toujours plus grande, toujours
plus parallèle, de la pauvre énergie qu'on nous laisse
en partage...
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