Baby, you are a bad boy (and I'm a saint)
Les portes claquent. Pour celles qui ont des idées bizarres. On ravale
les façades. Problème d'identité. Il faut bien placarder quelque chose
dans le vide ambiant. Petit numéro croisé. Les rames glissent
invisibles sous la terre. Des ventres blonds sous les robes, des corps
cachés qui jamais n'apparaissent. Ailleurs que dans les simulacres de
l'amour.
Nous rêvons tous d'une mascarade à laquelle nous n'adhérons pas.
C'est cette distinction. Cette élégance faite de riens mis bout à bout.
On broie du noir. Il faut bien laisser s'échapper les humeurs de temps
en temps. Celles ci sont biliaires. Un goût de cendre. Un goût amer.
Puis revenir par des chemins balisés au point de départ où se fera la
remise en forme.
Sujet accepté. L'avion sort le train d'atterrissage, du feu caché au cœur de sa carlingue.
Droit de parole. Porte de droite. Dossier ciblé. Intentions déclarées.
Profession de foi irréprochable. Votre passeport retrouve la poche
intérieure de votre veste. On glougloute dans une espèce de vertige
flamboyant. La beauté du geste. Le poids des images. Le choc des mots.
Cette appellation contrôlée de chaque chose. Une vision qui se disperse
dans de grandes étuves. On cherche dans un miroir l'homme si courageux
qui traversait la rue en même temps que vous. Les clochers se sont
assombris en attendant leur archange. Leur statue reconstituée. Ce
sentiment qui se diffuse. Cette estime qui grandit parfois. Les chemins
qu'on suit, les blocs qu'il faut déplacer. Détruire un ou deux
non-sens. Haïr un peu si peu en comparaison des ignominies dont ils
sont capables un ou deux épouvantails au sourire crispé. Et pousser son
cri.
Au secours !
Mais la plongée dans les images recommence. Couleurs. Flashes.
Ententes. Liens dissolus. Vies dissoutes. Silhouettes qui s'agitent en
tous sens. On voit fondre autour de nous des personnes en temps réel.
Leur charge de croyances. Toutes erreurs bues. Le destin pris en main
par autrui et les quelques chemins suivis ensuite. En direction du
néant. C'est cette présence en nous, c'est cette volonté qui jamais ne
s'exprime. Ce point de fuite qu'il faut raviver. J'arrive et j'attends.
Je livre un sceau de beauté profonde. Je le pose comme un aimant sur
des pages neuves et vides où il prend de drôles de couleurs. Dessins,
peintures. Desseins qu'on n’approche pas. Casser tout ça. Voler dans
les plumes. Dormir dans des plumes. Marcher dans des plumes.
Votre véritable identité a été découverte, mon cher ET...
Désolé...
Veuillez poser vos deux mains sur le capot de la voiture. Mais vous n'y
songez pas, jeune homme. Je vous en pris, renoncez. Le state office
fait le forcing. Entrez dans une cabine téléphonique et décrochez.
C'est facile. Tout le monde le fait. Tout le monde avance à reculons.
Tout le monde évolue et se transforme. Grandit, grossit, change de
couleur. C'est le lot du plus clair de l'humanité. De ceux qui veulent
s'attirer des répulsions à ceux qui crèvent de pas d'amour. Ceux qui ne
croient pas à ça ou qui l'on tellement distancié d'eux qu'ils ne
s'estiment plus concernés.
C'est cette beauté qui vous frôle.
En cas d'urgence, veuillez briser la vitre. On glisse dans les marges
et les extrémités se rejoignent. On sort de l'aérogare. Des hommes et
des hommes encore. Des hommes qui sortent de tous les coins. Des hommes
qui se cachent partout. Ou qu'on aille, on en trouve. Affairés à
compter les toutes nouvelles pièces qui leur arrivent ou en train de
préparer du café. On entre. On acquiesce. On salut quelque chose
d'invisible pour signaler qu'on a compris quelque chose qui ne sera pas
dit.
On s'assoit.
On écarte les pans de sa veste pour prouver qu'on ne porte pas la
quincaillerie réglementaire. Tout ce que la morale serait tentée de
réprouver. C'est cette absence de tact automatique qui vous ferait
rejeter si vous alliez par-là. Vous laissez simplement parler le reste.
La vitrine poisseuse. La machine à café. La vapeur qui s'échappe. Tout
ce qui ici est familier. Et vous vous calez dans ce monde que vous
venez de découvrir et qui peut être a toujours existé. Vous faites
comme si vous le compreniez. Vous faites comme si vous étiez d'ici. Que
vous soyez d'ailleurs importe peu.
On n’ira pas par là non plus.
On ne posera pas les questions qui parfois délivrent. Elles tombent
comme des gouttes de pluie. Une ou deux couronnes invisibles. Vous
portez beau. Vous avez un sourire ironique, une compréhension des
problèmes de la vie. On ne vous commandera pas le chapitre ultra
confidentiel sur les problématiques géostratégiques. Tout va bien. A
part votre putain de différence, votre putain d'originalité ce qui se
tord à l'intérieur, l'enfer qui est en vous, et que vous faites des
efforts terribles pour maîtriser, tout va bien.
Ouf ! Ils n'ont pas remarqué que j'étais un monstre...
Vous sortez, vous marchez en titubant presque, les arbres sont verts et
perdent leurs feuilles. Drôle de saison. Un hiver qui voudrait déjà
être le printemps. Drôle de pays. Il parait qu'il faut attendre. Suivre
le programme. Respecter les clauses. Il y a de la marge. Vous avez le
temps, ne vous pressez pas. On verra bien. Vous voyez de nouveaux
visages se pencher vers vous. The working life. Marcher dans des
couloirs pour rejoindre leurs plots de diffraction. Un endroit caché où
tout se passe. Où s'ordonnent les journées et où les doléances
pleuvent. L'attrait général de ce qui fait souffrir. Mais ici on
ne souffre pas, on avance.
Dans cette absence de sapidité censée nous délivrer du tout.
Un bel enthousiasme communicateur que vous transmettez à tout le monde
en attendant d'être payé. Puis retour sur images. Analyse et décryptage
du familier. Vous vous rapprochez de quelque chose d'habituel. Des
visages qui se penchent et vous scannent tranquillement. Les
expressions faciales correspondent. Vous esquissez un sourire. Une
beauté de parcours accompli. C'est le moment de l'acceptation. Le mal
qui fait du bien maugrée un peu. Une entente d'organigramme. Planifiée.
Révélée par le décorticage que le temps opère dans les agendas. Les
draps cèdent au désir d'une rage de lutteurs. Ils bruissent. On se
débarrasse du superflu à chaque coin du ring. Puis le combat s'engage
avant d'exhorter les parties opposées à respecter les codes de bonne
conduite qui prévalent partout. Une tendresse s'installe, comme
exténuée d'autre chose. Vous êtes dans un tord qui fait lui aussi du
bien.
Can we make the love ?...
Vous regardez la ville à travers les murs. Vous pouvez la voir dans le
noir. Intégralement. Vous connaissez chaque rue. Vous percez toutes les
parois, toutes les résistances. Votre esprit est cette chose si
puissante qu'elle peut tordre n'importe quel lampadaire, s'enfoncer à
travers n'importe quel bâtiment. Elle peut rehausser les couleurs.
Ajouter des tourelles, enlever des panneaux publicitaires. Et plus que
tout, au milieu de ce mélange, vous voyez s'épancher les cœurs. Vous
les soupesez, comme de petits œufs qui vont d'une moitié de coquille à
l'autre. On en rajoute un peu. On force le trait.
Le cœur c'est fait pour ça. Pour discerner ce qui, autrement, passerait inaperçu.
Bonne nuit, mon garçon. Bien cet hôtel... Il va falloir débrancher la
machine maintenant. Content ? Encore un signe que tu pourras ajouter à
la longue liste de ceux que tu voudrais ignorer. Mais on n’ignore pas
qui on est. On n'accède que progressivement à celui qui se cache en
soi, en s'approchant sans faire de bruit de la bête sauvage traquée, de
cette puissance un peu débridée qu'ils voudraient asservir. Tu es
rempli de mondes à ras bord. Certes. Ça arrive à des gens très bien. Eh
! Alors ? Il va falloir se mettre au travail.
En attendant ce jour, fais de beaux rêves !
Le meilleur ami de l'homme après la mitrailleuse lourde
(La suite sera prochainement disponible en librairie.)
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